Vivre sans frigo… ou presque ! 3 techniques low-tech pour conserver vos aliments et repenser l’usage de votre frigo !

Nous l’ouvrons des dizaines de fois par jour sans y penser… Mais le frigo influence bien plus que notre menu : il façonne nos habitudes et influence notre empreinte environnementale et notre rapport à l’alimentation. Et si nous repensions son usage ?

Dans cet article nous allons explorer des pistes de réflexion et d’action avec trois alternatives low-tech concrètes… et un petit retour d’expérience après 9 mois de vie sans frigo.

Le frigo, une norme sociale et un reflet de nos rythmes de vie

Vous vous souvenez de votre premier aménagement ? Au même titre que la machine à laver, la télévision, ou le radio-réveil, le frigo devait probablement figurer dans la liste des équipements à se procurer.

Il y a de ces choses qui sont évidentes, comme mettre son slip avant son pantalon. Aujourd’hui, posséder un frigo semble être une évidence.

Et pour cause : il ralentit la dégradation de nos aliments, permet de faire des courses pour plusieurs jours, et garde les bières au frais (important) !

Depuis sa démocratisation à la fin du XXᵉ siècle, portée par l’urbanisation, l’essor de l’alimentation transformée et l’accélération de nos modes de vie, le réfrigérateur a révolutionné nos cuisines et nos habitudes. C’est un outil de confort et de praticité pour pallier à notre rythme de vie effréné.

Mais ce confort à un coût.

Ce que le frigo nous coûte : argent, environnement, mais pas que…

Sur le portefeuille

Le frigo consomme de l’électricité en continu, 24/7.

Il représente environ 11% de la consommation électrique de nos logements selon l’étude ElecDom de l’ADEME et RTE.

Selon sa taille, son ancienneté, son efficacité énergétique… la facture peut grimper de 20 à plus de 100€ par an, auxquels s’ajoute le prix d’achat.

Relativement modeste quand même.

Sauf que ! C’est sans compter la perte financière liée à notre usage de l’appareil.

Chaque année, on gaspillerait en moyenne 30kg de nourriture par personne dont 7kg encore emballés ADEME.

Alors que le but du réfrigérateur est de limiter le gaspillage alimentaire en prolongeant la durée de vie de nos denrées, paradoxalement, on peut se retrouver à plus gaspiller. Pourquoi ? Parce que dans ce grand placard froid et opaque, on oublie facilement ce qu’on a acheté. Le frigo nous décharge de notre vigilance, mais il rend aussi nos aliments… invisibles.

Sur notre jolie planète et sa biodiversité

L’utilisation du frigo a des conséquences sur l’environnement en terme :

• d’empreinte carbone (fabrication, transport, usage), en moyenne 339kg de CO₂e
• de problèmes de recyclage
• d’encouragement à l’achat de produits transformés qui sont souvent sur-emballés = plus de déchets

Au moins une bonne nouvelle, les gaz frigorigènes d’aujourd’hui ne percent plus la couche d’ozone.

Sur notre dépendance aux équipements high-tech

Réfléchir à notre rapport au frigo, c’est aussi se poser la question : que se passe-t-il si je ne peux plus l’utiliser demain, en cas de panne ou de coupure d’électricité ? Et comment retrouver un peu d’autonomie dans ma manière de conserver et d’organiser mon alimentation ?

Sur notre rapport à notre alimentation

Notre frigo devient un meuble opaque où la vie des aliments se déroule hors de notre regard : plus d’odeurs, plus de couleurs vives sous les yeux. Cette invisibilité nourrit deux maux : le gaspillage et parfois, il nous coupe d’un lien sensible avec les produits que l’on mange.

Ces aliments qui n’ont rien à faire dans un frigo

Beaucoup d’aliments n’ont pas besoin du frigo, certains y perdent même en saveur ou texture :

• Oeufs
• Beurre
• Moutarde, sauce soja
• Tous les fruits et légumes
• Fromages à pâte dure
• Et évidemment tout ce qui est sec (rassurez-moi, vous ne mettez pas vos chips au frigo ?)

3 alternatives low-tech pour une conservation plus sobre en complément du frigo

Le garde-manger

C’est quoi ?
Un meuble aéré, grillagé, qui permet de conserver les aliments frais visibles et à température ambiante, dans un endroit sec et sombre.

Pour quels ingrédients ?
Les fruits, légumes et aromates, à stocker par ambiance (par exemple : humide pour la pastèque et les poivrons, sec et sombre pour les pommes de terre et les oignons, dans le sable pour les carottes, dans l’eau pour le persil frais…). Le Low-tech Lab a fait une super notice pour s’y retrouver.

Où s’en procurer ?
Par ordre de prix croissant : on peut le fabriquer soi-même ou en récupérer dans une brocante ; l’acheter en jardinerie, ou s’offrir le Romanesco de L’Avant d’Après.

Mon avis :
C’est la solution la plus simple et efficace pour réduire le format de son frigo. À la maison, il est maintenant placé au-dessus de notre petit réfrigérateur.

Le zeer pot

C’est quoi ?
Deux pots en terre cuite, un peu de sable humide entre les deux : bienvenue dans le monde ancestral de la réfrigération par évaporation.

Pour quels ingrédients ?
Parfait pour garder les tomates, fraises, ou une pastèque ouverte à bonne température…

Où s’en procurer ?
C’est très facile de le faire soi-même (et c’est pas cher). Deux pots en terre cuite (jardinerie ou brocante), du sable, un peu d’eau, et c’est parti !

Mon avis :
Une bonne solution mais à condition de le placer dans un endroit ventilé (balcon, jardin) et des températures chaudes pour améliorer le principe de thermodynamie.

La lactofermentation

C’est quoi ?
Des légumes râpés ou découpés, de l’eau salée, un bocal fermé… et le temps fait le reste. Les bactéries lactiques naturellement présentes se multiplient, abaissent le pH, et conservent les aliments sans frigo, parfois pendant plusieurs années.

Pour quels ingrédients ?
Pour presque tous les fruits et légumes, céréales et légumineuses.

Où s’en procurer ?
Le mieux, c’est de les faire soi-même, en se procurant des bocaux à joint hermétique (type Le Parfait).

Mon avis :
En plus de ne pas nécessiter d’énergie de fabrication et de stockage, c’est une source incroyable de probiotiques et d’autres bienfaits nutritionnels, c’est un savoir-faire accessible à tout le monde… et c’est bon !

9 mois sans frigo : mon retour d’expérience

Entre 2022 et 2023, avec ma compagne, on a vécu 9 mois sans frigo. Comme ça, pour tester. Ça a été l’occasion d’expérimenter toutes ces solutions low-tech et de challenger nos habitudes, en terme de gestion des courses, de la cuisine et pour rafraîchir les boissons.

Notre contexte à cette époque était : ma compagne mange un peu de viande, je suis végétarien ; nous achetons plus de 80% de produits bruts, locaux, en vrac ; on cuisine chaque jour des plats simples.

Ce que qu’on a gagné à la fin de l’expérience :

• Une relation plus attentive à la nourriture.
• Moins de gaspi, plus d’inventivité.
• Un garde-manger beau et fonctionnel, qu’on continue d’utiliser en complément du petit frigo.
• Et surtout : une liberté nouvelle, une forme de dépouillement technologique qui a fait du bien. (Sauf quand on voulait manger une bonne glace… oups !)

Quelques questions pour repenser son usage du frigo

• Quelles sont vos habitudes alimentaires ? Part du végétal dans l’alimentation, des produits ultra-transformés, du fait maison ?
• À quelle fréquence faites-vous vos courses ?
• À l’avenir, lors du remplacement, de quelle capacité et fonctions avez-vous réellement besoin ? Est-ce que la machine à glaçons intégrée et la lumière disco seront réellement nécessaire ? Ah non Nathan, pas cette corde sensible, ça j’y tiens !

En conclusion : et si on remettait un peu de bon sens dans nos cuisines ?

Le frigo est un outil. Pratique, précieux, mais pas indispensable pour tout. Il mérite d’être choisi, pas imposé.

Repenser la conservation, c’est aussi :

• ralentir,
• mieux acheter,
• redécouvrir des savoir-faire,
• se reconnecter aux aliments bruts,
• s’émanciper un peu des technologies complexes.

Alors, qu’en pensez-vous ? Aviez-vous déjà eu cette réflexion ? Connaissez-vous d’autres chouettes solutions ? Écrivez-tout ça en commentaires !