À l’origine, passion et gnac
Je suis un ancien cuisinier de la restauration gastronomique. J’ai commencé à travailler face aux fourneaux à l’âge de 15 ans en parallèle d’un bac professionnel en cuisine. Rien ne m’y prédestinait, mais une énergie m’a invité à suivre cette voie ; c’était je crois, un moyen d’exprimer ma créativité et de me révéler alors que je manquais de confiance en moi. Alors, j’ai commencé à nourrir le rêve de devenir chef de mon propre restaurant et d’inventer la 4e étoile au Guide Michelin. Ainsi, passion, talent et gnac m’ont permis de grimper rapidement les échelons. À 18 ans, j’ai pris mon premier poste de sous-chef de cuisine dans un restaurant étoilé et 2 ans plus tard, dans un autre restaurant étoilé, à la tête d’une grande brigade.

Naissance d’une sensibilité
En entrant dans le monde de la cuisine, j’ai commencé à développer une sensibilité au bien-manger favorisée par mon apprentissage auprès de chefs passionnants comme mon mentor Guy Guilloux, chez qui j’ai appris comment faire le bon beurre à la baratte en bois avec le lait fermier que nous allions chercher tout frais, les sauces, la découpe des poissons de petits bateaux débarqués dans la criée voisine et autres rudiments d’une cuisine de goût. Mais surtout, je me suis pris de fascination pour la diversité d’ingrédients auxquels j’ai été exposé : plantes sauvages, variétés anciennes, aromates en tout genre… J’ai découvert un florilège de techniques que l’on pouvait mettre en œuvre pour sublimer ces produits, j’ai rencontré les artisans et producteurs épris de leur métiers qui en sont à l’origine.

Une prise de conscience
Et puis en parallèle de cela, j’ai découvert les enjeux écologiques et ceux propres à l’alimentation. J’ai été sujet à des sentiments d’indignation et de révolte quand je me suis confronté à la compréhension des problématiques de notre époque, telles que les pénuries à venir, l’intensification et l’industrialisation des process, l’impact de l’humain sur la biodiversité, l’uniformisation du goût et des savoir-faire, les inégalités d’accès à une nourriture de qualité et les conditions de vies des paysans qui nous nourrissent.

Se former pour agir
Mon identité culinaire s’est ainsi forgée au travers des valeurs du vivant, de l’humain et de la terre. J’ai exploré avec enthousiasme des manières de cuisiner plus axées sur l’essentielle et avec lesquelles je pouvais me sentir en cohérence avec mes principes. J’ai décortiqué l’alimentation de façon à m’approprier tous ces savoir-faire ancestraux qui défendent une non-uniformisation du goût tel que la lactofermentation et la panification au levain. Je me suis également formé dans une approche systèmique de l’alimentation : nutrition, impact énergétique, écologie, bien-être, culture et gastronomie. J’ai rencontré des personnes qui s’engagent avec amour dans la transition écologique, et je m’en suis inspiré. Je me suis investi dans le bénévolat caritatif et environnemental.

Un changement de paradigme
Ainsi, au fil des années, mon rêve s’est transformé. Je ne cherchais plus des étoiles à arborer sur ma veste de cuisine, je voulais trouver une manière d’agir pour que tout le monde puisse continuer à les voir briller dans le ciel nocturne. Je me suis donné comme mission celle d’aider à transformer les paradigmes alimentaires collectifs, de manière à tendre vers plus de joie, plus de bon sens, plus de respect pour la vie.

Transmettre pour inspirer le monde de Demain
Après une période d’introspection nécessaire pour me sentir aligné avec mes valeurs et mon sens de vie, je me suis penché sur la manière de passer concrètement à l’action avec la force du moteur qui m’anime : transmettre.
Transmettre un savoir-faire, comme je l’avais fait dans les équipes de cuisine ou en tant que formateur pour des publics de tout horizon dans le premier organisme de formation privé de Bretagne, mais aussi transmettre du bonheur en communicant mon énergie positive pour savourer les sourires et la joie déclenchés.

Incarner un projet et agir pour Demain
Ce sont toutes ces raisons qui m’ont poussée à développer ce projet et à créer cette entreprise. Ancré dans le territoire dynamique qu’est le Finistère, Sourced souhaite partager et diffuser les savoir-faire d’une alimentation joyeuse qui préserve le vivant, à travers des ateliers culinaires à domicile et du conseil, pour les professionnels, comme pour les particuliers.

Une philosophie de vie
Pour moi le vrai luxe, ce sont toutes ces petites choses qui paraissent insignifiantes si on ne leur offre pas la clarté et l’écoute nécéssaire. Face aux sursollicitations contemporaines et aux enjeux de notre époque, la pleine conscience, qui peut être vue comme un « entraînement attentionnel en toute chose », m’aide à voir le monde avec plus de lucidité et de bienveillance. Sobriété, simplicité, minimalisme, symbiose, richesse intérieure et partage : j’aime ces mots, ces concepts et leurs incarnations.
L’un de mes rêves est de construire avec ma compagne un lieu de vie immergé en pleine nature, qui serve également de lieu de solidarité, d’échange, et de partage d’art et d’artisanat pour apporter du bonheur aux gens.

Un rapport multidimensionnelle à la cuisine
Au fil des ans, entre métier et passion, j’ai découvert que je percevais l’acte de cuisiner dans son essence même, comme une chorégraphie, comme une méditation où la conscience de l’instant présent s’aiguise par la sollicitation des 5 sens. Tant d’évènements ont été décisifs et impactant à cette expérience de la cuisine : le livre « Instructions au cuisinier zen » de Dôgen ; la rencontre de Nicolas Supiot, paysan boulanger agronome ; l’acte de cuisiner au quotidien dans une dynamique de l’excellence en restauration gastronomique ; une retraite spirituelle dans un temple zen et le rituel du repas porté sur le partage et le respect de soi, des autres et de la terre nourricière.
Cuisiner c’est engager son corps dans une danse virevoltante : des mouvements donnés au couteau sur la planche jusqu’au tourbillon du fouet dans la casserole. Cuisiner c’est exprimer ses émotions, faire une place d’exutoire. Cuisiner c’est aussi partager du bonheur et de l’amour à ses convives même quand il ne s’agit que d’un repas dans son plus simple appareil car attention il y a.



Peut-être à bientôt,

Nathan Sivitz